« Ces dernières années, nous n’avons pas été capables de proposer aux citoyens français un accès sécurisé à leurs données de santé, pour que chacun puisse en être acteur ». Cette lacune, Dominique Pon, le responsable ministériel au numérique en santé, compte bien y remédier. Voulue et encadrée par la feuille de route du numérique en santé et le ministère des Solidarités et de la Santé, la création d’un espace numérique de santé à l’échelle nationale, devrait ainsi bientôt voir le jour. Récemment rebaptisé « Mon Espace Santé », le projet se précise tant sur le fond que sur la forme. « Mon Espace Santé est un espace numérique sécurisé, personnel et hébergé en France, qui va réunir pour chaque assuré ses données de santé », résumait Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), lors d’une conférence de presse organisée par les pouvoirs publics en avril dernier.
Quatre modules pour un espace unique
Prévu pour se généraliser au territoire national tout au long du 1er trimestre 2022, cet espace « s’organisera autour de quatre briques », annonce le responsable : le Dossier Médical Partagé (DMP), « enrichi par les professionnels de santé et les établissements et qui restera consultable par les acteurs autorisés et le patient », un agenda de santé, pour centraliser les rendez-vous médicaux et qui comportera également « un système de rappels pour les vaccins ou les dépistages, par exemple », une messagerie sécurisée visant à faciliter les échanges entre professionnels de santé et patients, enfin un catalogue d’applications qui référencera celles à même d’interagir avec les autres modules. « On intègrera à ce catalogue plusieurs types d’outils tels qu’un portail de préadmission hospitalière ou des applications de prévention et de surveillance », précise Thomas Fatôme, avant d’ajouter que « toute application labélisée répondra aux exigences de sécurité nécessaires au traitement des données personnelles de santé ».
Un impact pour les patients comme pour les professionnels de santé
Outre leur dimension sécuritaire, ces exigences auront également pour objectif de contribuer à la mobilisation du grand public. Pour assurer leur adhésion, mais aussi favoriser une bonne prise en main de ce nouvel espace, les pouvoirs publics ont multiplié ces derniers temps les ateliers et consultations auprès des usagers. « Construire un tel système impose de prendre en compte ceux qui l’utiliseront, c’est pourquoi il nous faut compter sur la participation de tous », rappelle Gérard Raymond, président de France Assos Santé. « Mon Espace Santé a été construit en concertation avec l’ensemble de l’écosystème : les usagers et les associations de patients mais aussi les professionnels de santé, les institutions, les acteurs de terrain et les industriels », complète Thomas Fatôme. À terme, les usagers pourront ainsi accéder à la plateforme via un Smartphone, une tablette ou un ordinateur, afin de consulter leur dossier médical, dialoguer avec les professionnels de santé, ou gérer leurs rendez-vous. Les professionnels de santé pourront quant à eux se connecter à la plateforme via des chemins dédiés, pour accéder également aux dossiers médicaux partagés et à la messagerie de santé. « Mon Espace Santé est donc, en premier lieu, un service à destination des citoyens, qui implique aussi les professionnels de santé », résume le directeur général de la CNAM.
Les premiers essais dès l’été
Et ce service devrait s’implanter peu à peu dans le paysage français. Si la généralisation n’est prévue qu’au 1er trimestre 2022, de premières expérimentations seront lancées dès le mois de juillet dans trois départements, la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme. « Cela représente quatre millions de personnes », précise Thomas Fatôme qui compte bien sur l’occasion pour « voir les réactions des usagers » et tester plus largement le nouveau DMP et la messagerie de santé – l’agenda de santé et le catalogue d’applications n’étant pour leur part prévus que pour la phase de généralisation. « Parce que ce projet ambitieux concernera la majorité des personnes dans notre pays, nous voulons le construire par étape et de manière participative », ajoute le responsable.
Plusieurs webinaires pour une grande campagne d’information
« Nous travaillons sur ce projet depuis deux ans. Nous sommes allés à la rencontre de l’ensemble des acteurs qui font la e-santé en France, ajoute Dominique Pon. Nous avons construit cet espace brique par brique pour être sûrs d’embarquer tout le monde, et que la vision dans laquelle il s’inscrit soit bien partagée par le plus grand nombre. » Pour aller plus loin, les pouvoirs publics organiseront une série de webinaires au cours des prochains mois. Intitulée « Réussir ensemble Mon Espace Santé », elle permettra, pour Dominique Pon, « de dialoguer, d’expliquer mais aussi de faire participer l’ensemble de l’écosystème à la construction de la plateforme nationale ». Il conclut : « Si l’on souhaite un numérique de santé réellement souverain en France, si l’on veut garantir notre tradition de pensée et notre éthique, il faut une mobilisation collective. Les pouvoirs publics ne peuvent pas y arriver seuls, il faut que les industriels, les professionnels de santé, les usagers… se saisissent eux aussi pleinement de ces outils ».
* Une dizaine de dates ont déjà été retenu pour ce tour de France virtuel. Si elles sont ouvertes à tous, chaque conférence est néanmoins dédiée à un public prioritaire. Plus d’informations sur www.reussirmonespacesante.com.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici
* Une dizaine de dates ont déjà été retenu pour ce tour de France virtuel. Si elles sont ouvertes à tous, chaque conférence est néanmoins dédiée à un public prioritaire. Plus d’informations sur www.reussirmonespacesante.com.
Article publié dans le numéro de mai d'Hospitalia à consulter ici
La feuille de route du numérique en santé se concrétise
Outre Mon Espace Santé, la feuille de route du numérique en santé développe deux autres plateformes numériques majeures : le Health Data Hub et le Bouquet de Services Professionnels. « Prévue sur trois ans, cette feuille de route est très ambitieuse pour accélérer le virage numérique en santé en France », confie Dominique Pon qui insiste sur le « grand nombre d’actions que l’on mène tambour battant depuis deux ans ». Parmi celles-ci, les doctrines techniques relatives à la santé et au médico-social ont ainsi déjà été rédigées, tandis que les plateformes et outils se mettent progressivement en place et se généralisent. C’est notamment le cas du programme d’investissement territorial HOP’EN, de la e-prescription – expérimentée depuis 2019 – ou encore de l’Identité Nationale de Santé, obligatoire depuis le 1er janvier dernier. Pour compléter cet éventail d’outils, une application e-Carte Vitale permettant d’accéder à plusieurs services à distance, tels que de la préadmission ou de la télésanté, devrait être généralisée dès 2022.
Outre Mon Espace Santé, la feuille de route du numérique en santé développe deux autres plateformes numériques majeures : le Health Data Hub et le Bouquet de Services Professionnels. « Prévue sur trois ans, cette feuille de route est très ambitieuse pour accélérer le virage numérique en santé en France », confie Dominique Pon qui insiste sur le « grand nombre d’actions que l’on mène tambour battant depuis deux ans ». Parmi celles-ci, les doctrines techniques relatives à la santé et au médico-social ont ainsi déjà été rédigées, tandis que les plateformes et outils se mettent progressivement en place et se généralisent. C’est notamment le cas du programme d’investissement territorial HOP’EN, de la e-prescription – expérimentée depuis 2019 – ou encore de l’Identité Nationale de Santé, obligatoire depuis le 1er janvier dernier. Pour compléter cet éventail d’outils, une application e-Carte Vitale permettant d’accéder à plusieurs services à distance, tels que de la préadmission ou de la télésanté, devrait être généralisée dès 2022.